Le Net sous haute-surveillance
Au vu de l'enquête du 27 novembre 2000 menée par Matrix Media Europe
, on s'aperçoit que l'internet est en pleine expansion
en France. Cette étude nous révèle que depuis Janvier 2000, son audience en France
a doublé et que 22 millions de Français y ont accès, tous lieux et tous supports
compris. Il convient cependant de relativiser ces chiffres en précisant que seuls
12,8 millions se connectent réellement. En Allemagne, la même enquête
dont les résultats sont publiés sous le titre révélateur de Das Internet auf dem Weg zum Medium für Alle atteste d'une augmentation, en un an, de deux
tiers du nombre d'utilisateurs. La banalisation de l'internet et de ce fait des technologies
de l'information et de la communication est donc bien une réalité et tend même à se généraliser. Le monde de l'éducation n'échappe pas non plus à cette déferlante
et le ministère de l'éducation française s'enorgueillit d'avoir connu cette année
une augmentation de 100% de ses enseignants connectés à domicile ce qui représente
40% du corps enseignant.
C'est peut-être cette mobilisation des acteurs du monde de l'éducation qui dès le
milieu des années 80 a fait défaut lorsque le gouvernement français, conscient de
l'essor que l'informatique allait connaître, a lancé son fameux Plan Informatique
Pour Tous (PIT) qui visait à permettre à tous les enfants de s'initier à l'usage de l'ordinateur.
Les écoles furent équipées, des cours d'informatique furent dispensés et même un
langage informatique pour les enfants (Logo) fut créé. Malgré tout cela, des choix
techniques peu judicieux et un évident manque de formation et de motivation des enseignants
ont fait du PIT un fiasco mémorable laissant derrière lui un PID (paysage informatique
désolé).
Fort de cette expérience, le ministre de l'éducation, Jack Lang
, 15 ans plus tard, revoit la copie du gouvernement et pose lors du colloque e-éducation
du Salon de l'éducation,
le 22 novembre 2000, la question qui durant tout ce temps a préoccupé bon nombre
de pédagogues: Est-ce que l'école doit s'adapter à l'informatique, ou bien, [ ], c'est
à l'informatique de s'adapter à l'école? . Enfin, on semble avoir compris que l'
adaptation doit avoir lieu des deux côtés et que la généralisation des outils informatiques, telle qu'on la vit aujourd'hui, permet et impose une intégration naturelle des
technologies de l'information et de la communication dans les pratiques pédagogiques.
Si la quasi totalité des collèges et des lycées français sont équipés d'ordinateurs
raccordés à l'internet, les écoles ne sont que 35 à 40% à en bénéficier. Conscient
de ce déficit le gouvernement, en la personne de Lionel Jospin
, a annoncé en juillet 2000 qu' avant la fin de l'année scolaire 2001-2002 toutes
les écoles seraient connectées. Un budget de 365 millions de francs étalé sur trois
ans a été prévu auquel vient s'ajouter, cette année, un fonds de soutien de 500 millions
de francs destiné aux écoles en ZEP (zone d'éducation prioritaire). Ces mesures devraient
permettre de combler rapidement le décalage en équipement entre primaire et secondaire.
En 1999, on comptait 1 ordinateur pour 30 élèves dans le primaire (un pour 100 en 1997), contre 1 pour 17 dans les collèges et 1 pour 7 élèves au lycée.
Toutes ces mesures ne serviraient à rien et se solderaient par le même échec que le
Plan informatique pour tous, si elles n'étaient intégrées à un ensemble de programmes
et de directives pédagogiques incitatives à l'utilisation en cours des TICE (Technologies de l'Information et de la Communication dans l'Enseignement). La création du Brevet informatique et internet
(B2i) dont la fonction est
d'attester de la maîtrise des TIC par les élèves en fait partie. Ce brevet concernant
l'ensemble des collèges durant l'année scolaire 2000-2001 sera obligatoire avant
la sortie du primaire à partir de 2003.
Le développement et la mise à disposition de ressources audiovisuelles et multimédias
adaptées aux enseignants et aux élèves sont favorisés par le label RIP
(reconnaissance d'intérêt pédagogique) qui a été attribué à 313 cédéroms (liste disponible
sur: http://www.educnet.education.fr/res/bliste.htm) auxquels vient s'ajouter l'achat
de 500 heures de droits audiovisuels.
La création de différents sites internet destinés à subvenir aux besoins des enseignants
aide à la mutualisation des ressources, au partage des compétences et à la confrontation
des expériences tout en permettant le désenclavement géographique et culturel des établissements isolés. Eduscol est essentiellement conçu pour les enseignants
du primaire et secondaire. Educasource est un site complémentaire exclusivement consacré
aux ressources électroniques pour l'enseignement primaire et secondaire. Les ressources
multimédias pédagogiques pour l'enseignement supérieur sont disponibles sur le site Educasup dont on remarquera la rubrique Français langue étrangère .
Pour faciliter la recherche thématique sur un ensemble de sites éducatifs, le ministère
de l'éducation a ouvert Educlic un portail pour les professionnels de l'éducation.
Si toutes ces mesures vont dans le bon sens, il ne faut pas oublier que l'un des principaux
freins à l'utilisation de l'internet par les professeurs dans leurs cours est la
méfiance que ce média leur inspire. Ces craintes sont loin d'être sans fondement
et que ce soit par mégarde ou intentionnellement le risque de voir apparaître sur les
écrans des sites indésirables est bien réel. Nombreux sont les enseignants qui hésitent
à laisser s'aventurer leurs élèves sur la toile, durant leur cours, de peur de se
retrouver confrontés à ce genre de situation et de devoir rendre des comptes. Heureusement,
il existe plusieurs méthodes leur permettant de limiter les risques au maximum, voire
de les supprimer totalement.
La première de ces méthodes consiste à utiliser un navigateur spécialement conçu pour
les enfants. Avec ce logiciel de navigation simplifié, tout est interdit au départ:
c'est au professeur de saisir la liste des sites autorisés qu'il complétera au fur
et à mesure selon les besoins. Dès que l'élève cliquera sur un lien vers un site non
référencé dans le navigateur, celui-ci ne pourra pas poursuivre sa recherche dans
cette direction. ChiBrow qui n'existe qu'en langue anglaise représente l'avantage d'être
entièrement gratuit, l'inconvénient étant la présence omniprésente d'un bandeau publicitaire
dans la fenêtre de navigation. Payant, mais en français, Pilote en ligne permet le choix
entre deux modes de fonctionnement. Dans le premier, l'utilisateur a accès à toutes
les ressources du Web. Dans le deuxième mode, l'utilisateur consulte les adresses
préparées à son intention, celles qui contiennent les informations dont il a besoin. Ce
second mode permet l'utilisation de l'ordinateur par l'élève sans la présence de
l'enseignant qui aura pris soin d'interdire l'accès aux moteurs de recherche pour
éviter tout risque de dérapage. Vous pourrez vous procurer ce précieux logiciel pour la somme
raisonnable de 280 FF sur son site web ou auprès du CRDP DE L'ACADÉMIE DE VERSAILLES,Centre
Régional de Documentation Pédagogique de l'académie de Versailles, 584, rue Fourny BP 32678533 BUC CEDEX.
Une autre méthode consiste à faire appel à des logiciels de blocage et de filtrage
qui, en fonction de mots clés et de thèmes prédéfinis, limitent l'accès à certains
sites. Ils répertorient également les sites visités permettant ainsi de contrôler
après les cours si l'élève ne s'est pas dispersé sur le web. Parmi les logiciels de filtrage
en français Cyber Patrol
est l'un des plus réputés. Avant d'investir 250 FF vous pourrez l'essayer gratuitement
dans sa version de démonstration en anglais que vous pourrez télécharger à partir
du site du même nom (www.cyberpatrol.com). Outre les fonctions précitées ce logiciel
vous permet de définir des plages horaires d'utilisation, de limiter l'accès à certaines
applications (Newsgroups, FTP, Chat ). La première année la mise à jour de la liste
de sites à interdire est gratuite. Dans la même catégorie de logiciels, n'oublions
pas de citer le logiciel de filtrage français SurfPass
qui a été spécialement conçu pour l'enseignement et dont vous trouverez une version
de démonstration à l'adresse suivante: www.cogilab.com .
Si vous voulez laisser une certaine liberté d'évolution à vos chères têtes blondes,
vous pouvez paramétrer votre navigateur de façon à ce que certains moteurs de recherche
qui leur sont spécialement dédiés soient accessibles. Ceux-ci soit se concentrent
sur l'information pour les enfants soit filtrent à l'aide de cotes de classement ou
de logiciels de filtrage les sites que certains adultes jugent inappropriés pour
les jeunes. Sssplash, disponible sur Lycos, répertorie plus de 600 sites conçus pour
les enfants de 7 à 14 ans. L'originalité de ce moteur réside dans le fait qu'il propose
des sites différents aux petits garçons et aux petites filles et qu'il tient également compte de l'âge de l'internaute.
Une méthode plus radicale pour éviter les "cyberdérapages" consiste à utiliser les
services d'un aspirateur. Les aspirateurs récupèrent non seulement toutes les pages
web qui forment un site mais aussi tous les graphismes et les animations qui leur
sont associés. Cet outil permet au professeur de faire sa sélection de sites à visiter avant
le cours et de les télécharger sur les ordinateurs qui seront consultés hors-ligne,
empêchant ainsi toute escapade malvenue. Cette méthode représente en outre l'avantage
de faire des économies de téléphone. Les plus performants d'entre eux offrent des
fonctions tout à fait intéressantes telles que la suppression des bandeaux publicitaires
ou une veille qui signale les documents qui ont changé dans les sites que l'on a
déjà téléchargés et qui rafraîchit les pages au rythme des mises à jour. L'un des logiciels
les plus populaires et performant en la matière s'appelle Memoweb
et existe en version gratuite illimitée. La version complète
ne coûtant que 350 FF. Son équivalent Macintosh Web Devil
est disponible en ligne. Autre aspirateur eCatch a un système de téléchargement optimisé pour réduire
les temps de connexion, permettant ainsi jusqu'à 50 téléchargements simultanés. Sa
recherche par mots-clés présente les documents trouvés sous forme de colonnes, ce
qui permet un accès rapide aux documents.
fsu 2/2001
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